Le 12/12/11 09:11, « Roger Little » <RLITTLE@tcd.ie> a écrit :
Cher Jacques,
Si l'intégralité de nos échanges peut être consultée sur votre site, la publication
d'une version tronquée me paraît superflue. Pas besoin de "sic" alors
: le lecteur verrait bien les menues coquilles et fautes de frappe et comprendrait
bien que dans la foulée ce sont des choses qui arrivent. La version intégrale
serait bien plus haute en couleur !
Amitiés, Roger
Roger Little
Quondam Professor of French (1776), Trinity College, Dublin
5 rue de l'Eglise, 30190 Saint-Geniès de Malgoires, France
De : Rancourt Jacques [jacques.rancourt@wanadoo.fr]
Date d'envoi : dimanche 11 décembre 2011 18:25
À : Roger Little
Objet : Re: RE : Translations Yekta + Oumhani + Rancourt
Cher Roger,
Voici ma deuxième réponse à votre courriel : le texte en retour, avec quelques suggestions de corrections. Pour la mise en page, nous verrons ensuite. Je crois qu'il vaudra mieux, dans le corps du texte, mettre les mots anglais en italique, et alléger côté guillemets et crochets, peut-être côté sic aussi… entendu que le lecteur devrait de toute façon pouvoir retrouver nos échanges in extenso sur Internet.
Merci encore pour tout. C'est un échange emblématique, réjouissant quant à la manière, au chemin parcouru ensemble ainsi qu'au résultat final.
Amitiés,
Jacques
Le 11/12/11 17:22, « Roger Little » <RLITTLE@tcd.ie> a écrit :
De : Roger Little
Date d'envoi : dimanche 11 décembre 2011 15:42
À : Roger Little
Objet : RE : Translations Yekta + Oumhani + Rancourt
Cher Jacques,
Mon problème, vous le verrez, a été de me limiter à 6000 signes tout en restant
fidèle à la lettre et à l'esprit de nos échanges. Vous me direz si l'article
est recevable en l'état ou s'il est possible d'y faire, à votre avis, des
coupes plus ou moins sombres.
Amitiés, Roger
Roger Little
Quondam Professor of French (1776), Trinity College, Dublin
5 rue de l'Eglise, 30190 Saint-Geniès de Malgoires, France
De : Roger Little
Date d'envoi : dimanche 11 décembre 2011 13:13
À : Rancourt Jacques
Objet : RE : Translations Yekta + Oumhani + Rancourt
Je vous le ferai parvenir le plus tôt possible. J'ai déjà commencé à le rédiger
en français.
Amitiés, Roger
Roger Little
Quondam Professor of French (1776), Trinity College, Dublin
5 rue de l'Eglise, 30190 Saint-Geniès de Malgoires, France
De : Rancourt Jacques [jacques.rancourt@wanadoo.fr]
Date d'envoi : dimanche 11 décembre 2011 12:45
À : Roger Little
Objet : Re: RE : Translations Yekta + Oumhani + Rancourt
Le plus tôt possible reste le mieux, car ça nous permet d'ajuster la pagination en conséquence pour n'être pas débordé à la fin. Mais le 15 février reste bon comme date limite.
Je suppose que vous l'écrirez en français. Sinon, il faudrait prévoir la date du 1er février… et faire traduire votre article en français, avec tout ce que cela implique…
re-Amitiés,
Jacques
Le 11/12/11 12:58, « Roger Little » <RLITTLE@tcd.ie> a écrit :
Tout à fait : j'avais songé que vous le vouliez pour demain... ou Noël au
plus tard !
Amitiés, Roger
Roger Little
Quondam Professor of French (1776), Trinity College, Dublin
5 rue de l'Eglise, 30190 Saint-Geniès de Malgoires, France
De : Rancourt Jacques [jacques.rancourt@wanadoo.fr]
Date d'envoi : dimanche 11 décembre 2011 11:31
À : Roger Little
Objet : Re: RE : Translations Yekta + Oumhani + Rancourt
Le 15 février vous conviendrait-il ?
Amitiés,
Jacques
Le 11/12/11 12:09, « Roger Little » <RLITTLE@tcd.ie> a écrit :
Quelle serait votre échéance ? J'ai pas mal de travail sur la planche en
ce moment (surtout pour la collection dont je joins le catalogue), mais aime
bien relever de tels défis.
Amitiés, Roger
Roger Little
Quondam Professor of French (1776), Trinity College, Dublin
5 rue de l'Eglise, 30190 Saint-Geniès de Malgoires, France
De : Rancourt Jacques [jacques.rancourt@wanadoo.fr]
Date d'envoi : dimanche 11 décembre 2011 10:28
À : Roger Little
Objet : Re: RE : Translations Yekta + Oumhani + Rancourt
nürekamen !
… si je ne me trompe. Et merci pour tout ce travail mené en commun. La suite
plus bas…
Le 11/12/11 09:09, « Roger Little » <RLITTLE@tcd.ie> a écrit :
Je reviens à la verte Erin, mais rien que pour proposer : "His face
has meaning", laissant tomber le "a". Cela fait sens... c'est
le cas de le dire.
Roger Little
Quondam Professor of French (1776), Trinity College, Dublin
5 rue de l'Eglise, 30190 Saint-Geniès de Malgoires, France
De : Rancourt Jacques [jacques.rancourt@wanadoo.fr]
Date d'envoi : samedi 10 décembre 2011 18:31
À : Roger Little
Objet : Re: RE : Translations Yekta + Oumhani + Rancourt
J'aime aussi le citron : allons-y en noir sur fond citron
Le 10/12/11 18:14, « Roger Little » <RLITTLE@tcd.ie> a écrit :
Et pour poursuivre la gamme, un petit jus d'orange...
Roger Little
Quondam Professor of French (1776), Trinity College, Dublin
5 rue de l'Eglise, 30190 Saint-Geniès de Malgoires, France
De : Rancourt Jacques [jacques.rancourt@wanadoo.fr]
Date d'envoi : samedi 10 décembre 2011 08:02
À : Roger Little
Objet : Re: RE : Translations Yekta + Oumhani + Rancourt
Bonjour ! Eh bien moi, je marronne !
Le 09/12/11 22:30, « Roger Little » <RLITTLE@tcd.ie> a écrit :
Et, pour l'Irlande, un peu de vert...
Roger Little
Quondam Professor of French (1776), Trinity College, Dublin
5 rue de l'Eglise, 30190 Saint-Geniès de Malgoires, France
De : Rancourt Jacques [jacques.rancourt@wanadoo.fr]
Date d'envoi : vendredi 9 décembre 2011 18:36
À : Roger Little
Objet : Re: RE : Translations Yekta + Oumhani + Rancourt
Cher Roger,
A mon tour en bleu, avec plus bas, à côté de votre nouvelle version, mes propositions alternatives.
Merci, nous y sommes bientôt !
Jacques
Le 09/12/11 17:50, « Roger Little » <RLITTLE@tcd.ie> a écrit :
A mon tour j'intercale des commentaires, en rouge.
Roger Little
Quondam Professor of French (1776), Trinity College, Dublin
5 rue de l'Eglise, 30190 Saint-Geniès de Malgoires, France
De : Rancourt Jacques [jacques.rancourt@wanadoo.fr]
Date d'envoi : vendredi 9 décembre 2011 16:18
À : Roger Little
Objet : Re: RE : Translations Yekta + Oumhani + Rancourt
Cher Roger,
Merci de votre message et de votre compréhension. Je vous réponds ci-dessous.
Très cordialement,
Jacques
Le 09/12/11 14:30, « Roger Little » <RLITTLE@tcd.ie> a écrit :
Cher Jacques Rancourt,
Il est toujours très éclairant d'avoir le point de vue de l'auteur, surtout
bilingue comme vous l'êtes. Il y a des pertes inévitables, mais vos commentaires
sont archiprécieux et je suis votre numérotation pour y revenir.
1. "le plat de la page" a bien entendu son origine dans l'expression "le
plat de la main/du couteau". En anglais, on dit bien "the flat of
the hand/knife", mais j'avais hésité à l'étendre à "the flat of
the page" (malgré le "tranchant" de la page comme du couteau).
Faisons-le quand même. Ce qu'il fallait éviter à tout prix, c'était "the
flatness (= platitude) of the page" !
D'accord pour "flat of the page", je vois mieux. Mais pouvez-vous
traduire également "posés" : les yeux sont posés sur le plat de
la page un peu comme les coudes sur une table ; c'est la sensation du contact
physique qui m'intéresse… dût-elle un peu forcer la langue !
J'avais traduit "posés" par "gazing" ; si on met "his
eyes laid on the flat of the page", c'est trop physique, comme si ses
yeux étaient littéralement posés sur la page. Pour retrouver un peu l'allitération,
on pourrait écrire : "his eyes focused on the flat of the page".
Avec "on the flat of the page" au lieu de "on the flat page",
revenons à "gazing" : ce sera, je crois, le plus élégant, et "focused" me
paraît trop explicite, trop technique
D'accord.
2. Soit, si vous préférez "himself".
OK !
3. "l'épaisseur" pose en effet problème. "Depths" ne convient
pas, signifiant "profondeurs, abîme" (et donc surtout de la mer
: on ne veut pas que celui qui navigue sombre !). En dépit des consonances
terrestres, mais pour garder la racine "thick", que diriez-vous
de "the world's thickets" (= fourrés") ?
En français aussi, l'épaisseur peut suggérer le monde sous-marin, et il faut
alors imaginer les yeux/les mots comme un véhicule amphibie, ou même, si j'ose, "omnibie" (il
y a sans doute ici une résurgence d'un de mes poèmes assez anciens : Il vaudra
mieux ne pas coudre mes paupières / l’un après l’autre les yeux se détacheront
/ ils entreprendront avec le sperme / un long voyage de femmes et de poissons)
; bref, dephts m'attire plutôt (j'ai aussi fait de la plongée sous-marine…)
Si vous y tenez, retenons "depths" (attention à l'orthographe !).
Oui, si ça vous semble aussi jouable ; dans ce cas, je retirerais le "through" que
j'avais proposé au profit d'un "in", moins lié à une résistance
de la matière : "He sails with them in the depths of the world
Normalement, on s'attendrait alors à "on" ou à "over".
Je viens de comprendre : en français on peut naviguer sous l'eau, mais en
anglais "sail" est exclusivement sur quelque chose. Il faudrait
donc remplacer "sail" par un verbe plus général. Que pensez-vous
de "journey" ?
He journeys with them in the depths of the world
(sur le modèle de in the depths of the night donné par mon Robert-Collins
pour traduire dans la profondeur de la nuit)
"in the depths of" est tout à fait courant, mais bien ; à "journeys",
pourtant, je préférerais "travels".
Allons-y pour travels ! C'est ce qui paraît le plus juste !
4. "sens" a tant de sens en français, que ne recoupe pas forcément
l'équivalent anglais. J'avais commencé par écrire "direction" mais
l'avais en fin de compte écarté en faveur de "meaning", mon repentir
étant surtout déclenché par le vers suivant, la "direction" des
cheveux suggérant quelque chose de trop trivial. Eu égard de votre rappel
du cible zen, peut-on retenir "aim" : "His face has an aim" ?
"aim" me paraît trop extérieur, en dehors de soi ; l'expression "son
visage a un sens" est déjà un peu audacieuse en français, si l'on veut
aller au-delà du sens indiqué par le nez… il faudrait peut-être jouer sur
l'expression anglaise "make sense", assez proche de ce que je suggère
ici, par exemple, de façon également un peu audacieuse :
His face makes very sense (ce n'est pas anglais ! En revanche, on pourrait
écrire "His face makes good sense", ce qui, d'ailleurs, retrouve
le parallélisme 5/5 syllabes dans ces deux vers. Mais attention : ce n'est
plus une traduction du français, c'est une réécriture qu'un traducteur ne
saurait se permettre.)
and so does his hair
"Makes good sense" à mon avis n'est pas une mauvaise idée, mais
ce n'est pas assez neutre, ça oblige l'auteur du texte, le locuteur, à porter
un jugement sur son personnage, à intervenir pour compenser une lacune de
description………………………………………………………………………………………………………………………….. et là, devant
une impasse, je suis allé marcher dehors…………….. histoire si possible de déplacer
la question, de penser autrement, et de penser en anglais surtout…………………
J'ai trouvé, je crois, un équivalent, qui n'est pas à proprement parler une
traduction, mais qui opère de la même façon dans la dynamique du poème. En
tout cas, je peux l'assumer comme poète dans le sillage du même poème :
This is is face
this is his hair
(an extra bend will scarcely face him…)
Vous me direz ce que vous en pensez. C'est à la fois très affirmatif, comme
dans la version française, quant à la présence d'une identité, mais celle-ci
ne prend d'application concrète que dans les deux vers qui suivent (an extra
bend… / nor that unforeseen descent)
Dans ce cas, puisqu'on s'éloigne du texte, mais pour garder un sens de l'orientation
et un écho de "visage" dans "face", je propose : This
way he faces / and so does his hair"
Le point de repère, le mât de ce voyage, c'est le visage, qui doit rester
un substantif. Et il faut garder par ailleurs la symétrie face/hair. Peut-être "Such
is is face / such is his hair" adoucirait-il le côté abrupt de "this
is his face / this is his hair" sans perdre pour autant la relation de
cause à effet avec les deux derniers vers de la strophe.
Ce qui se perd dans vos dernières sugestions ("This is..." et "Such
is..."), c'est tout sens d'orientation. C'est statique, soit le contraire,
me semble-t-il, ce qu'on cherche. Malheureusement, on ne saurait écrire : "His
face faces this way..." ! Comment faire ? "His face has a meaning
/ and so does his hair" ?
J'hésite encore, et des amis arrivent pour dîner dans cinq minutes. Il me
semble que, dans "His face has a meaning" a implique plus ou moins
one, ce qui n'est pas le cas avec "Son visage a un sens" en français.
Ce a me gêne.
Si je ne trouve rien avant l'arrivée de mes invités, je vous renvoie ce courriel
tel quel et j'y réfléchis à nouveau en fin de soirée.
Supprimons le "a" qui vous gêne : "His face has meaning"
5. "so too" = "de même" : aucune redondance. Pour l'oreille
anglaise, le pentamètre iambique de ces deux vers (Shakespeare etc.) équivaut
bien aux deux hexasyllabes (= alexandrin) du français (Racine etc.). Mais
si l'on retient "aim", dont l'unique syllabe remplace les deux de "meaning",
il faudrait remodeler ce vers : "and also his hair" ?
6. Compte tenu de vos remarques, je suggère : "Silence is divulged in
speech".
"divulges itself", then, "rather than "is divulged",
to keep the active role of silence; maybe:
"Silence divulges itself into speech", to mark the metamorphosis
of silence into speech.
Problème : la forme réflexive n'existe pas en anglais pour ce verbe.
Je ne vois pas de solution alternative, et me rallie donc à la vôtre, qui
comporte aussi une charge poétique, bien qu'un peu différente
7. On peut éventuellement mettre : "as flame is in fire".
compte tenu de la remarque précédente, "as flame does in fire" (?)
Mais stet en vue de ce que je viens de dire.
8. Oui, "a traveller in... something" (soit un représentant commercial
colportant une denrée quelconque) est une expression consacrée où les éléments
sont étroitement associés.
Vu votre explication, et pour éviter tout sens ou arrière-sens de colporteur,
je préfère clairement "a word traveller", dût-on sacrifier la symétrie
du français "voyageur de mots…voyageur de l'être"
Mais mon explication ne faisait que justifier l'expression soudée "traveller
in" : la symétrie est à mon sens trop importante pour ne pas la maintenir.
Là, je ne suis pas d'accord, ou alors il faut faire l'éloge des bateleurs,
des baratineurs qui occupent la place publique avec une poésie de pacotille.
Si l'on veut maintenir le symétrie, c'est de l'autre côté qu'il faut aller
voir, du côté du "voyageur de l'être". Mais comme "being traveller" ne
signifie rien, je ne vois pas comment la chose serait possible. Peut-être
aurez-vous une idée. Je saute plus bas pour résumer à mon tour mes propositions
alternatives, tout en constatant que nous avons déjà bien avancé !
Je crains avoir semé la zizanie en me référant au représentant commercial,
qui n'était qu'une illustration de l'existence forte (soudée) de l'expression "traveller
in". Plus généralement on peut très bien parler, sans référence aucune
à un quelconque bateleur, d'un "traveller in the world" par exemple,
un voyageur de par le monde. Je reviens donc à ma suggestion d'origine : "the
traveller in words is a traveller in being". Cela correspond bien à votre
français ; c'est clair ; la symétrie est conservée ; le rapport étroit entre
les mots et l'être convient tout à fait au sens profond du poème. Et l'écho "faces" / "faze" dans
la même strophe est assez plaisant.
Vous me rassurez. Je me rallie à votre solution, d'autant plus qu'au point
de vu sonore je l'aime beaucoup
9. Ici le problème vient de plus loin : en français, "tout le monde portait
un chapeau" ; en anglais, "everyone was wearing hats". Si l'on
mettait : "exchanged their substance", la question se poserait immédiatement
: "contre quoi ?" : ce ne serait pas un échange entre les mots et
les choses. Qui plus est, je trouve laid, peu poétique, le mot "substance" en
anglais. Et il s'agit du mot de la fin, donc capital ! J'avais même pensé
à "being", mais le mot est lâché dans le vers précédent. Certes "essences" renvoie
à une vieille tradition philosophique, mais le mot indique ce qu'il y a de
plus intime et profond en "mots" et "choses". Des variantes
me paraissent soit trop techniques ("quiddities"), soit trop triviales
("cores"). Que faire ?
Votre explication me convainct. Je croyais que s'agissant de mots abstraits
on ne serait pas tenu d'employer le pluriel. Comme ce n'est pas le cas, je
me rallie avec enthousiasme à votre solution : "when words and things
exchange their essences"
Je pense qu'il est bon de terminer sur un point d'interrogation ! Mais le
débat n'est sans doute pas conclu : vos nouvelles remarques seraient les bienvenues
si vous pensez qu'on n'est pas arrivés à des conclusions satisfaisantes et
à la lettre et à l'esprit de votre poème.
Grand merci encore de votre attention. J'attends le rebond de la balle, avec
éventuellement une version revue de votre traduction, si vous pensez que nous
en sommes suffisamment proches.
Récapitulons donc, du moins provisoirement :
The Poetry Reader
Leaning on silence or erect in the sharp air
his eyes gazing on the flat of the page
he lets the words blossom inside him d'accord, on coupe self(nouvelle réflexion
: à vous de juger si en anglais "him" ou "himself" est
ici préférable) Personnellement, j'aurais (et j'avais) préféré "him".
he sails with them on the world's depths
he journeys/travels with them in the world's depths
This way he faces Such is his face His face has a meaning His face has meaning
and so does his hair such is his hair and so does his hair
an extra bend will scarcely faze him
nor that other unforeseen descent
Silence is divulged in speech
as flame is in fire
the traveller in words is a traveller in being
when words and things exchange their essences
Traduction R.L. et J.R.
Et nous y voilà, je crois ! Récapitulons :
The Poetry Reader
Leaning on silence or erect in the sharp air
his eyes gazing on the flat of the page
he travels with them in the world's depths
His face has meaning
and so does his hair
an extra bend will scarcely faze him
nor that other unforeseen descent
Silence is divulged in speech
as flame is in fire
the traveller in words is a traveller in being
when words and things exchange their essences
Est-on arrivés à bon port ? En cas publication, il serait important de cosigner
le résultat. Il y aurait même lieu de restituer toutes les étapes du travail
dans un article !
Cordialement à vous,
Roger Little
Nous sommes, oui je crois, arrivés à bon port, après toute cette navigation… et toutes ces navettes. Bravo et merci. Il serait intéressant en effet de retracer les étapes dans un article. Ce numéro de la Traductière comporte deux parties. La première, vous en êtes témoin, présente des poèmes sur le thème "Le lecteur de poésie". La seconde présente des essais sur le thème de "L'attention poétique", en faisant porter la réflexion sur ce moment de l'écriture du poème où les mots affluent à l'esprit et où le poète doit être suffisamment "distrait" pour les laisser venir de partout, et suffisamment "concentré" pour leur permettre de s'organiser en poème. Je verrais bien dans cette seconde partie un article sur "L'attention traductrice", reprenant les étapes de nos échanges. Seriez-vous d'accord pour l'écrire ? J'ai limité à 6 000 signes tout compris la longueur des articles à soumettre pour cette partie. Il vaudrait mieux s'y tenir, mais si vous avez besoin de plus vous me le direz. Ce serait un aspect particulier de l'attention poétique qui pourrait en effet justifier, si utile, un espace supplémentaire.
Toutes mes amitiés, et vogue notre galère !
Jacques
Cela a de la couleur !
Cordialement,
Roger Little
Pas de nouvelles directes encore de Yekta ni de Cécile Oumhani.
Cordialement,
Roger Little
Roger Little
Quondam Professor of French (1776), Trinity College, Dublin
5 rue de l'Eglise, 30190 Saint-Geniès de Malgoires, France
De : Rancourt Jacques [jacques.rancourt@wanadoo.fr]
Date d'envoi : vendredi 9 décembre 2011 10:09
À : Roger Little
Objet : Re: RE : Translations Yekta + Oumhani + Rancourt
Cher Roger Little,
C'est bien parce que je connais vos qualités de traducteur que je me suis adressé à vous. Et puisque vous me proposez qu'on revoie les choses ensemble, d'accord : je vous donne mes observations, et vous me dites ce que vous en pensez.
The Poetry Reader
Leaning on silence or erect in the sharp air
his eyes gazing at the flat page - 1
he lets the words blossom inside him - 2
he sails with them through the world's density - 3
His face has a meaning - 4
so too his hair - 5
an extra bend will scarcely faze him
nor that other unforeseen descent
Silence is broadcast in words - 6
as flames are in fires - 7
the traveller in words is a traveller in being - 8
when words and things exchange their essences - 9
Ce vers est essentiel (je n'aurais jamais écrit "les yeux regardant
la page plate" ou quelque équivalent) : il y a une relation physique
d'unité qui s'établit entre les yeux du lecteur et la page elle-même, un peu
comme entre l'archer et la cible dans le tir à l'arc pratiqué dans le monde
zen. Le mot "plat", renforcé par les trois "p" du vers
auquel il appartient, permet de poser cette relation physico-mystique sans
laquelle la suite du poème n'est guère vraisemblable.
J'aurais plutôt attendu "himself", qui, avec ses deux syllabes,
offre plus d'espace aux mots pour leur permettre d'éclore
Le mot "density" me paraît faire obstacle à la navigation décrite
; "épaisseur" est plus physique, tandis que "density" s'apparente
davantage à un concept, et vous saurez sans doute remarqué que je n'utilise
guère de termes abstraits ; le sens serait plutôt du côté de "through
the dephts of the world", mais c'est peut-être une expression plus marquée
culturellement que "l'épaisseur du monde"
"Son visage a un sens" may be difficult to express in English. Here
again, it is primarily a physical question, even if the idea of "meaning" stands
somewhere behind. - "Sens" serait plutôt ici du côté de "sens
de la flèche", "sens d'une rue", "sens de la vie" :
si le lecteur de poésie n'est pas lui-même orienté intérieurement, s'il n'a
pas d'identité acquise, il ne pourra s'aventurer avec profit dans les avenues
du poème (on revient ici à la relation des yeux et de la page, de l'archer
et de la cible)… et pour s'assurer que ledit sens existe, on le vérifie également
au niveau des cheveux…
A revoir ? Les deux premiers vers de cette strophe font en français chacun
six syllabes, suggérant un équilibre parfait ; je crois qu'il faudrait trouver
un équivalent ; par ailleurs "so too" me semble faire un peu pléonasme,
mais je peux me tromper. – Les deux vers suivants, comme le tout premier de
la traduction, me semblent quant à eux parfaits tels quels
Vers très difficile : étymologiquement, "s'ébruiter" c'est se défaire
de ses bruits, cela devrait aboutir au silence ; mais dans l'usage c'est se
répandre en bruits… "spreads into speech" serait-il possible ? "Broadcast" ne
me paraît pas adapté, il évoque la diffusion, y compris audio-visuelle, alors
que ce qui se passe ici est beaucoup plus intime : c'est la transition du
négatif au positif (comme si, en photographie, la parole n'était que la version
positive du silence). Il doit y avoir par ailleurs une sensation de vases
communicants, et pour cela il faut que l'action se passe entre deux éléments
analogues : en français, "silence" et "parole" sont tous
deux au singulier et ont chacun deux syllabes sonores ; si les deux syllabes
ne sont pas possibles en anglais, en tout cas je crois essentiel de préserver
singulier-singulier (un fait précis dans un lieu précis).
Ce n'est pas juste une comparaison, le singulier est essentiel : l'accès à
l'unité, en plus intense mais dans le prolongement du vers précédent, ouvre
la voie à la transcendance, qui apparaît au troisième vers ; est-ce que "as
flame into fire" aurait du sens en anglais ?
J'ai du mal à juger. "Le voyageur de mots" doit être une expression
aussi soudée que "le pêcheur à la ligne" ou "l'épicier du coin" :
le "in" permet-il cette unité lexicale ?
Dernier commentaire, en tout cas pour le moment : pour la même raison que
j'écarterais "density", "essences" renvoie pour moi à
un vocabulaire déjà philosophique, celui par exemple d'Aristote, tandis que "substance" peut
jouer sur les deux plans, physique et philosophique ; il faudrait par ailleurs,
si c'est possible en anglais, que "substance" reste au singulier,
pour éviter toute confusion avec un échange de substances tels que le sel,
le blé, la confiture…
Voilà. J'espère ne pas vous avoir ennuyé avec mes explications. Vous me direz
donc ce que vous en pensez !
Bien cordialement,
Jacques R.
Le 09/12/11 09:15, « Roger Little » <RLITTLE@tcd.ie> a écrit :
Cher Jacques Rancourt,
Je regrette beaucoup d'être tombé, à votre avis, à côté de la plaque en ce
qui concerne votre poème. Il serait instructif d'en discuter et peut-être
arriverait-on à une traduction que vous jugeriez meilleure. Normalement on
ne me dit pas insensible à la poésie, plutôt que je suis un traducteur expérimenté
et juste. Mais je suis prêt à admettre vos réserves si vous voulez bien les
justifier. Cela prendrait sans doute du temps mais vaudrait peut-être la peine.
Cordialement,
Roger Little
Roger Little
Quondam Professor of French (1776), Trinity College, Dublin
5 rue de l'Eglise, 30190 Saint-Geniès de Malgoires, France
De : Rancourt Jacques [jacques.rancourt@wanadoo.fr]
Date d'envoi : vendredi 9 décembre 2011 07:35
À : Roger Little
Objet : Re: RE : Translations Yekta + Oumhani + Rancourt
Cher Roger Little,
J'ai reçu hier soir un courriel de Cécile Oumhani, qui aime votre traduction et doit vous écrire aujourd'hui pour vous le dire. Je n'ai pas de nouvelles de Yekta, mais peut-être s'est-il adressé à vous directement.
En ce qui concerne mon propre texte, vous n'avez pas dû y être très sensible, car vous n'avez traduit que la prose du poème, et encore. Je crois qu'il vaut mieux en rester là, car sinon il faudrait tout rediscuter, vers par vers.
Cordialement, à vous,
Jacques Rancourt
Le 08/12/11 19:45, « Roger Little » <RLITTLE@tcd.ie> a écrit :
Voici, cher Jacques Rancourt, les traductions demandées. Dommage qu'en anglais
il n'y ait aucun moyen de retenir l'ambiguïté du possessif dans le poème de
Yekta : tant pis. Sinon, avec les doutes qui subsistent fatalement dans ce
genre d'exercice, vous me direz si elles vous conviennent.
Yekta
at every page its aspect changes
its mouth always has the dark charm
of proffered lips of shared saliva
it mostly shows teeth mined by silence
and the white throat of those who inhale the wind
it pants like a dying marathon runner
breathes like hell's ambassador
its singular voice has only my heart
to be born and disappear in a brief shipwreck
on the reef of sentences where time bleeds
where the soul unfolds where the being is armed
I alone make it speak as a nameless friend
in the darkness of an empty room
but its tongue is the flame of a sacred fire whiplash storm
and if on the book I nod off the poem invades
my dreams like a memory from long ago
and if I leave the book open on the table
and I stand up the poem follows me with its gaze
Cécile Oumhani
Ink Traveller
You search
at the edge
for those alleys of words
where a wingbeat
trembles
lost beneath the sky
brightness of dazzled water
in your thirsty gaze
a slow utterance
in the river's night
where in love with words
which break your voice
you read the world
drawn on the upturned palm
of the poem
Jacques Rancourt
The Poetry Reader
Leaning on silence or erect in the sharp air
his eyes gazing at the flat page
he lets the words blossom inside him
he sails with them through the world's density
His face has a meaning
so too his hair
an extra bend will scarcely faze him
nor that other unforeseen descent
Silence is broadcast in words
as flames are in fires
the traveller in words is a traveller in being
when words and things exchange their essences
Cordialement,
Roger Little
Roger Little
Quondam Professor of French (1776), Trinity College, Dublin
5 rue de l'Eglise, 30190 Saint-Geniès de Malgoires, France
De : Rancourt Jacques [jacques.rancourt@wanadoo.fr] de la part de Courrier
Poésie [poesie@festrad.com]
Date d'envoi : jeudi 8 décembre 2011 15:33
À : Roger Little
Objet : Re: RE : Translations Yekta + Oumhani + Rancourt
Cher Roger Little,
Merci de votre réponse. Voici donc trois poèmes sur "Le lecteur de poésie", dont le mien, si voulez le bien. merci d'avance.
Très cordialement,
Jacques Rancourt
Le 08/12/11 11:25, « Roger Little » <RLITTLE@tcd.ie> a écrit :
Cher Jacques Rancourt,
Envoyez-moi bien les textes ; je verrai bien ce que je peux faire.
Cordialement,
Roger Little
Roger Little
Quondam Professor of French (1776), Trinity College, Dublin
5 rue de l'Eglise, 30190 Saint-Geniès de Malgoires, France
De : Courrier Poésie [poesie@festrad.com]
Date d'envoi : jeudi 8 décembre 2011 09:45
À : Roger Little
Objet : Translations
Dear Roger Little,
How are you? The season of translations is coming back… and the just arriving poems, about "The Poetry Reader", should be sent to the artists (composers, painters and video-artists) along with their translations before December 20. May I propose you two or three poems (18 line maximum each) for translation from French into English?
Thanks in advance and best wishes,
Jacques Rancourt,
directeur
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